Le sacre insensé de Räikkönen

**Calabrese** Dim 21 Oct - 22:12

Le sacre insensé de Räikkönen

Incroyable dernier grand prix de la saison ! Après moult péripéties, Kimi
Räikkönen a décroché au Brésil sa 6e victoire cette saison et son premier titre
de champion du monde, devant des McLaren aussi déçues que décevantes.
par Cédric Callier

Le film de la course :

Trois hommes pour un titre. Et un 4e, en
pole, pour jouer les arbitres. Telle était la donne de ce Grand Prix du Brésil
où Hamilton espérait décrocher le titre dès sa première saison. Mais Alonso et
Räikkönen n’avaient pas encore rendu les armes après le retournement de
situation du précédent grand prix en Chine. Le départ, en tout cas, était bien
le premier moment charnière attendu de cette ultime course de la saison. En
effet, entre un Massa protégeant sa place avec habileté et un poil de ruse pour
gêner Hamilton, un Räikkönen qui en profitait avec maestria pour s’installer en
deuxième position et un Alonso lui aussi à l’affut pour pousser à la faute son
jeune coéquipier, les premiers virages recelaient leur lot de spectacle. Avec un
grand perdant, Hamilton, parti très au large à l’extérieur pour tenter de
repasser Alonso et qui se retrouvait 8e à l’issue de la première boucle. Mais ce
n’était encore rien comparativement à ce qui attendait le Britannique au 8e
tour. Soudain au ralenti, le leader du championnat tapotait sur tous les boutons
placés à proximité de son volant pour relancer sa machine. Les secondes
s’égrenaient, la caravane passait et le désespoir naissait dans le camp McLaren…
Avant que sa monoplace ne retrouve de la vigueur, une fois tombée au 18e rang !
Pour être sacré, Hamilton était désormais contraint à une folle remontée. Un peu
comme celle de Michaël Schumacher l’an dernier, qui ne lui avait pas permis
cependant d’être champion. L’Anglais allait-il faire mieux ?
Revenu très vite derrière un peloton compact de six voitures, Hamilton
réussissait la première partie de son contrat en s’extirpant de sa furieuse
bataille sans perdre trop de plumes. Ainsi, au 19e tour, il pointait au 11e
rang. Mais la suite s’annonçait bien plus délicate, avec des clients plus
redoutables à dépasser. Sauf Webber, trahi par sa monoplace. Et mine de rien,
chaque abandon parmi le Top 10 prenait une importance considérable pour…
Hamilton. Aux avant-postes, la litanie des arrêts aux stands ne changeait rien,
Massa conservant la tête devant Räikkönen, dans une course d’attente. Alonso,
lui, apparaissait comme bien effacé. A tel point qu’au 33e tour, Kubica se
permettait même de le dépasser au bout de la ligne droite des stands. Ce qui
changeait la donne puisque désormais le titre passait dans le cockpit du
Finlandais. Mais «Iceman» ne voulait pas se contenter d’un sacre petit bras. Si
bien que lorsque Massa regagnait les stands au 50e tour, il se lançait dans une
série impressionnante de meilleurs tours pour ressortir en tête, alors que le
Brésilien n’avait en aucune manière lever le pied. Une démonstration magnifique,
que seule une 5e place d’Hamilton pouvait venir faire avorter. Sauf qu’à aucun
moment le pilote britannique n’allait être en mesure d’aller la quérir,
finissant à une triste 7e place. Après deux titres de vice-champion du monde,
Räikkönen décroche donc enfin la timbale au terme d’une saison magnifique et
achevée en apothéose pour Ferrari.

Zoom sur le départ :

Quel départ ! Tout le monde s’attendait à un
début bouillant au vu de la configuration de la grille de départ et les quatre
protagonistes des deux premières lignes ont été à la hauteur des attentes.
Hamilton s’élançait ainsi parfaitement mais Massa n’était pas en reste et venait
se positionner juste devant lui… Au grand bonheur de Räikkönen, sur la droite de
la piste et lui aussi parti admirablement. Résultat, Massa conservait l’avantage
d’un rien devant son coéquipier alors que derrière, Alonso profitait d’une
hésitation au 2e virage d’Hamilton pour le passer. Orgueilleux, le Britannique
essayait alors de se dédoubler immédiatement mais pris à l’extérieur, il partait
au large et perdait quatre places dans l’opération, pour pointer au 8e rang.
Soit le premier coup de théâtre d’un grand prix qui n’allait pas en manquer…

Zoom sur les manœuvres :

De cet ultime grand prix de la saison, on
retiendra surtout trois manœuvres. Tout d’abord le dépassement raté d’Hamilton
sur Alonso dans le premier tour, qui précipitait le Britannique en milieu de
peloton. Puis celui, réussi, de Kubica sur le même Alonso, bien passif sur le
coup, lors du 33e tour. Et enfin, l’intérieur plein d’audace de Rosberg en fin
de course pour prendre la 4e place à… Kubica. Un dépassement qui aurait pu faire
le bonheur d’Hamilton, si les deux pilotes s’étaient accrochés. Mais il n’en a
rien été.
Zoom sur la stratégie :

Pour tout le monde, le lot commun allait
être de deux arrêts ravitaillement, le premier aux alentours du 20e tour, le
second vers le 50e. Seule grosse exception, un certain Lewis Hamilton, dont les
malheurs des premiers tours induisaient son équipe à changer de stratégie, pour
opter pour trois arrêts très courts et une agressivité maximale du pilote
britannique. Sans réussite.

Le flop : McLaren-Mercedes

Un cauchemar de 71 tours. Tel est le
bilan du dernier grand prix de la saison pour McLaren, qui aura tout perdu au
Brésil. Premier accusé, Hamilton aura vécu dix premiers tours en enfer, entre
son freinage raté face à Alonso, une sortie de route évitée de justesse et 30
secondes de perdus lorsque sa voiture se mettait au ralenti, sans doute en
raison d’un problème de boîte de vitesses. Deuxième accusé, les tacticiens de
l’écurie anglaise, dont le choix de faire passer Hamilton sur trois arrêts aux
stands n’a finalement guère porté ses fruits. Et enfin, troisième accusé,
Fernando Alonso, transparent comme rarement et incapable de défendre sa place
face à… Kubica. De toute évidence, l’Espagnol n’a jamais cru en ses chances
d’être champion et a rendu les armes bien tôt…

Le chiffre : 1

Soit le nombre de point qui sépare Kimi Räikkönen,
le nouveau champion du monde, de ses deux dauphins, Lewis Hamilton et Fernando
Alonso. Un écart jamais vu dans l’Histoire de la Formule 1 entre le premier et
le troisième à l’issue du championnat.

Classement GP Brésil :1. Raikkonen (Fin, Ferrari) en
1h28'15''270
2. Massa (Bré, Ferrari) à 1''493
3. Alonso (Esp,
McLaren-Mercedes) à 57''019
4. Rosberg (All, Williams-Toyota) à
1'02''948
5. Kubica (Pol, BMW) à 1'10''957
6. Heidfeld (All, BMA) à
1'11''317
7. Hamilton (GB, McLaren) à 1 tour
8. Trulli (Ita, Toyota) à 1
tour
9. Coulthard (Eco, Red Bull-Renault) à 1 tour
10. Nakajima (Jap,
Williams-Toyota) à 1 tour
11. R. Schumacher (All, Toyota) à 1 tour
12.
Sato (Jap, Super Aguri-Honda) à 2 tours
13. Liuzzi (Ita, Toro-Rosso-Ferrari)
à 2 tours
14. Davidson (G-B, Super Aguri-Honda) à 3 tours

Source : Sport24